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VIANDE & NUTRITION

Alimentation : entre le cerveau et l'intestin, qui est le maître à bord ?

On entend régulièrement que l’intestin est le 2ème cerveau, mais finalement il n’est pas si connu des Français. Qu’en est-il ? Quel rôle joue l’intestin dans notre alimentation et dans notre bien-être général ? Le microbiote intestinal fait-il la pluie et le beau temps sur notre assiette et notre humeur ? Quel rôle joue la matrice nutritionnelle de nos aliments sur notre bien-être ? Quelles relations entretiennent les Français avec leur intestin ? Quelle place peut avoir la pleine conscience dans la régulation de notre bien-être digestif et émotionnel ?La composition de notre assiette est donc un facteur essentiel pour notre équilibre individuel physique, psychique et émotionnel. En somme, en quoi notre 2ème cerveau influence-t-il notre assiette ?

Ce qu'il faut retenir

  • Cela a été mis en évidence : notre cerveau et notre intestin sont intrinsèquement liés, et communiquent entre eux de façon perpétuelle.
  • Les véritables liants entre nos 2 cerveaux sont le système nerveux pour la partie chimique (le nerf vague, les neurotransmetteurs…), et aussi l’alimentation, pour la partie rationnelle et émotionnelle.
  • On note l’importance d’avoir une alimentation variée, de qualité et qui respecte la matrice nutritionnelle de l’aliment pour diversifier et nourrir son microbiote.
  • Les fibres et les protéines jouent un rôle capital :
    • Pour la santé : la viande, au même titre que les végétaux, participe au bon équilibre nutritionnel. En effet, les microbiotes de l’intestin ont la capacité de transformer les protéines et les fibres en éléments positifs pour la santé
    • Mais aussi sur le bien-être : des études l’affirment, les régimes riches en fibres et en protéines ont des effets antistress et anti-anxiété.
  • Finalement, pour être bien dans sa tête et dans son corps, les experts se rejoignent sur l’importance d’une alimentation C’est-à-dire : S’écouter, manger en conscience et redonner sa juste place au plaisir.
  • A la question « qui est le maître à bord », c’est probablement un peu les deux ! Du moins, c’est la synergie entre tout cet écosystème qui dirige notre l’alimentation et vice-versa.

Étude consommateur sur l’approche « Les Français et leur deuxième cerveau », par OpinionWay

Dans le cadre de cette 6ème édition de la MeatLab, Charal a sollicité l’Institut Opinionway pour la mise en place une étude autour des relations qu’entretiennent les Français avec leur intestin.

Ce qu’il en ressort :

Les Français n’ont pas une idée très précise de ce qu’est leur deuxième cerveau

  • Un peu plus de 6 Français sur 10 déclarent avoir déjà entendu parler de l’idée que leur intestin serait leur 2ème cerveau (les CSP les plus élevées et les habitants d’IDF ont davantage connaissance de cette idée).
  • Sans pour autant avoir une idée très claire de ce que l’on met derrière cette notion.
    • 40% des Français ne savent pas pourquoi on l’appelle le 2ème cerveau
    • 13% affirment qu’il est le reflet de nos émotions (avec une priorité pour les émotions négatives)
    • 7% estiment que l’intestin contient beaucoup de neurones
    • 5% qu’il est le second système nerveux de l’organisme
    • Enfin, 4% pensent que la faim dirige nos pensées, nos envies et notre concentration

  • 2/3 des Français déclarent bien s’occuper de leur 2ème cerveau : un chiffre qui grimpe à 73% pour les plus de 65 ans.
    • Parmi ceux qui en prennent soin, 38% déclarent faire en sorte de manger équilibré/ sain, 23% faire attention leur alimentation, 8% manger varié et 8% manger des légumes.
    • L’étude le montre bien, une grande majorité des réponses spontanées tournent autour de l’alimentation.
    • Ensuite, ils sont 8% à citer la pratique du sport.

  • Pour ceux qui ne s’occupent pas bien de leur intestin, et qui l’assument :
    • 13% déclarent ne pas faire attention à leur alimentation,
    • 12% ne mangent pas de façon équilibrée,
    • 10% mangent mal et 8% affirment qu’ils manqueraient d’informations sur comment en prendre soin.

Le lien entre alimentation et confort intestinal est plutôt clair

  • Selon les Français, plusieurs facteurs sont garants d’un bon confort intestinal comme une bonne alimentation (86%), une bonne hydratation (69%), un bon sommeil (69%) et un bon état de santé (63%). Arrivent ensuite assez loin, le bien-être physique et mental (47%), une activité sportive régulière (46%) ainsi qu’une limitation de l’alcool, café et cigarettes (37%) et enfin les relations sociales / familiales positives (27%).
  • Ces notions s’acquièrent avec l’âge : les 86% des Français qui estiment qu’une bonne alimentation est importante pour le confort intestinal se décomposent en 78% chez les 18/24 et monte à 93% chez les seniors. Il y a donc un apprentissage tout au long de la vie !

En effet, au fil des années, on prend conscience qu’il y a un certain nombre de facteurs extérieurs qui impactent notre confort intestinal.

  • C’est tout de même un sujet connu car il concerne quasiment tous les Français. Plus de 1 Français sur 2 déclare souffrir de problèmes intestinaux de manière régulière dont 7% tout le temps, 17% souvent et 33% de temps en temps et enfin 9% jamais.
  • Ces problèmes intestinaux sont réglés en modifiant l’alimentation pour 44% des Français, en prenant des médicaments vendus sans prescription (16%) ou des compléments alimentaires (14%), ou en consultant un médecin (10%). Ils sont 35% à attendre que ça passe sans rien faire de particulier.

Un lien entre confort intestinal et psychisme assez évident… mais perfectible !

  • 88% des Français estiment que les problèmes intestinaux peuvent impacter leur état émotionnel. Ils sont 12% à penser que cela n’a aucun impact.

 L’inverse est aussi vrai… Un état émotionnel négatif, comme le stress par exemple, impacte le confort digestif pour 58% des Français.

  • Dans le détail, les Français parlent d’une palette de problèmes intestinaux assez large : ils citent les problèmes de ballonnements pour 20%, de diarrhée pour 20% également, de douleurs abdominales pour 19%, mais aussi de digestion difficile pour 19%, de crampes d’estomac pour 19% et de constipation pour 14%.

  • Pourtant, ce qui se passe entre la tête et le ventre n’est pas si clair. Par exemple, les Français n’ont pas conscience de l’importance de consacrer un temps dédié aux repas.
    • 71 % des Français mangent en faisant une autre activité, avec davantage de réponses en ce sens chez les moins de 50 ans (96%), les CSP + (95%), les habitants d’IDF et les foyers avec enfant. Cette pratique est extrêmement ancrée chez les actifs au sens large du terme.
    • De plus, autre point étonnant : non seulement ces Français font une activité en mangeant, mais la plupart d’entre eux (47%), estiment que cela n’aurait pas d’impact sur leur confort intestinal.
    • Toutefois 43 % sont conscients que cela aurait un impact négatif.
    • Nous pouvons en conclure, qu’il y a une vraie méconnaissance autour de ce phénomène de manger en faisant une activité.

Un lien entre alimentation et psychisme un peu moins évident pour les Français

  • Finalement, lorsque l’on ne passe plus par la case « intestin », le lien se fait de moins en moins entre ce que l’on mange et la façon dont on se sent dans la tête.
  • Bien que la majorité des Français estime que leur alimentation agit sur leur état émotionnel (81%), ils sont près de 20% à penser que cela n’a aucun impact.
  • Pour les Français, ce qui impacte leur bien-être mental et état émotionnel est en priorité le sommeil (72%), l’état de santé (61%) et l’alimentation en 3ème position (58%).
    Ensuite, on retrouve la fatigue (52%), les relations familiales (42%), les relations sociales (34%), le temps/les saisons (31%) et enfin le travail (28%).
  • Globalement, pour les facteurs les plus impactant – sommeil, état de santé, alimentation – il n’y a pas de différences majeures entre les Femmes et les Hommes. Cependant, les Femmes vont déclarer que la fatigue et les relations familiales sont beaucoup plus impactantes pour leur état émotionnel. A l’inverse, les Hommes ont plus cité le sport et les relations sexuelles.
  • Sur les âges, l’état de santé va plus impacter les seniors, tout comme les relations familiales, le temps/les saisons. Les plus jeunes vont quant à eux être plutôt impactés par le travail. 43% des 25/34 ans et 46% des 35/49 ans estiment que le travail impacte leur état psychique.

  • Finalement, les Français font peu le lien entre leurs émotions et leur alimentation.
    • Globalement, les émotions positives n’interférent pas sur leur alimentation.
      • En effet, 37 % des Français estiment qu’un moment de joie ne change rien à leur appétit.
      • 43% en disent autant pour l’amour et 47% pour l’amusement.
    • Lorsque l’émotion positive a une incidence sur l’alimentation, il n’y a pas de consensus : certains Français vont parler d’un plus grand appétit et, à l’inverse, de repas plus légers pour d’autres.
    • Cependant, les émotions négatives ont un peu plus d’impact sur l’alimentation, sans qu’il n’y ait non plus de consensus établi. Chacun réagit à sa façon, mais il y a un lien plus précis avec la manière dont on va s’alimenter.
      • Certains Français vont avoir une envie de plats réconfortants, ou de grignoter lorsque d’autres vont avoir une perte d’appétit lorsqu’ils ressentent de la peine (53%), du stress (43%), ou bien de la colère (40%).

  • En matière d’alimentation, lorsque les Français souhaitent se faire du bien au moral, on va retrouver tout ce qui est facile à grignoter, pour compenser les émotions négatives :
    • Dans les premiers choix d’aliments consommés on retrouve principalement le chocolat, les gâteaux sucrés, les glaces, gâteaux salés, confiseries et charcuterie.
    • La viande rouge se positionne au milieu en 8ème
    • Enfin, on retrouve les yaourts, légumes et poisson dans les premiers choix lorsque les Français souhaitent faire du bien à leur corps !
  • Lorsque l’on souhaite se faire du bien au deux, à la tête et au corps, on va retrouver les féculents, les légumes et les yaourts, ainsi que la viande rouge qui se hisse parmi les aliments privilégiés. Elle représente un bon consensus pour les Français entre « je fais du bien à ma tête et à mon corps ».

Découvrez l’intégralité de l’étude OpinionWay.

A quoi sert notre intestin et comment en prendre soin ? Approche rationnelle : notre intestin vu sous l’angle nutrition.

L’éclairage d’Isabelle Descamps, diététicienne-nutritionniste, tente d’apporter une réponse aux 1/3 des Français qui estiment ne pas bien s’occuper de leur 2ème cerveau, et notamment à ceux qui estiment manquer d’informations sur comment en prendre soin.

L’intestin est au cœur de notre santé 

L’intestin, ce sont avant tout des chiffres impressionnants : il fait 8-9 mètres de long et possède une surface d’absorption de 250m² (l’équivalent de 2 terrains de tennis). Il habite 100 000 milliards de microorganismes (10x plus que le nombre de cellules dans notre corps). Et l’ensemble de ces microorganismes pèserait 2 à 3 kilos (ce qui est plus que le poids du cerveau).

 « L’intestin est tellement important qu’il est passé de flore à microbiote intestinal et a désormais un statut d’organe, avec lequel les professionnels de santé et thérapeutes doivent travailler », introduit Isabelle Descamps.

L’intestin est un organe primordial, celui dont toute vie dépend en raison de sa fonction nourricière et sa fonction protectrice. Il a 3 rôles distincts :

– 1) d’absorption : quand on ingère un aliment, on le digère d’abord dans la bouche avec la mastication, puis l’estomac, il arrive en haut de l’intestin et reçoit de la bile et des enzymes. L’intestin mélange tout comme dans un shaker. Tout cela a pour but de de réduire l’aliment en tous petits morceaux d’une seule molécule qu’on appelle des monomèresCe sont les nutriments qui vont passer notre barrière intestinale pour nourrir tout notre corps.  

– 2) de barrière : les cellules de l’intestin sont très serrées et sont là pour empêcher l’entrée de molécules étrangères (micro-organismes pathogènes, parties d’aliments insuffisamment digérées qui pourraient créer des intolérances alimentaires ou des composés toxiques).

– 3) de destruction de l’identité antigénique de l’aliment : l’aliment est un non soi, il ne fait pas parti du corps. Sa digestion en monomère lui permet ainsi d’être reconnu par le système immunitaire comme faisant partie du soi.

« Si l’intestin n’est pas en bonne santé, mal nourri ou stressé, ses cellules vont s’affaiblir. Il absorbera moins bien les nutriments et les cellules vont s’écarter laissant passer les toxines et autres intrus. C’est ce que nous appelons le leaky-gut ou perméabilité intestinale, responsable d’un grand nombre de maladies notamment auto-immunes et inflammatoires. », complète Isabelle Descamps.


Alors, quels aliments consommer pour un intestin en bonne santé ?

Si l’on se réfère au sondage : les Français ont une connaissance assez parcellaire de ce qu’il faut manger pour prendre soin de leur intestin : 95 % sont par exemple d’accord pour dire que manger Bio améliore la flore intestinale.

Pour Isabelle Descamps, « pour favoriser une meilleure assimilation des nutriments, améliorer la santé de notre microbiote et donc l’axe intestin-cerveau, il est essentiel de retourner aux basiques avec une nourriture vraie. J’entends par là, diversifier son assiette avec toutes les familles d’aliments, mais aussi consommer des aliments bruts non transformés qui ont gardé leur matrice nutritionnelle. C’est-à-dire leur vraie structure qui contient naturellement des éléments tels que les protéines, graisses, fibres, eau, vitamines, minéraux et antioxydants et qui vont agir en synergie comme un cocktail bénéfique. »

Cet effet matrice vaut pour les végétaux, pour les fruits et les légumes, mais aussi pour la viande pas ou peu transformée.

« La viande rouge bénéficie de cet effet matrice. Elle apporte naturellement des nutriments qui protègent le cœur et le système nerveux : fer bien absorbé, vitamines B12, B6, zinc, phosphore, carnitine et cœnzyme Q10. Aussi, l’acide alpha lipoïque et de l’acide linoléique conjugué (ALC) dont la recherche vient de démontrer l’effet anti-tumeur

« Notre microbiote est composé de beaucoup de microorganismes et chaque bactérie se nourrit d’un aliment en particulier. Donc plus on mange varié, plus le microbiote sera varié. Une étude a montré que manger 25 fruits et légumes différents chaque semaine pendant 6 semaines augmente la variété du microbiote de 30%. Si l’étude était étendue à d’autres familles d’aliments il en serait probablement de même ! »

Isabelle

Gilles Mithieux est également de cet avis : « Manger diversifié est très positif pour le microbiote. Dans son ensemble, le microbiote est omnivore car il est composé de différents types de bactéries. Or, chaque bactérie ne l’est pas individuellement. Chacune ne consomme qu’un ou deux aliments. Si l’alimentation est variée, les populations de bactéries diversifiées vont alors pouvoir se développer. Les protéines par exemple peuvent être classées comme source des prébiotiques car elles possèdent la propriété d’être absorbées tout le long de l’intestin.  Même si l’on a un microbiote peu diversifié comme certains patients obèses, il ne faut pas désespérer : ces microbiotes ont la capacité de transformer les fibres ou les protéines en éléments positifs pour la santé, et cela va très vite : des études montrent qu’en 3/4h le microbiote peut changer après avoir mangé un repas bon pour la santé ».

Nous avons donc besoin de fibres et de protéines animales

Les végétaux sont essentiels pour leur apport en fibres afin de nourrir notre microbiote en prébiotique notamment. On va alors synthétiser des molécules importantes pour la santé, notamment le butyrate qui est la nourriture principale de l’intestin.

Mais aussi, Isabelle Decamps ajoute : « la glutamine, que l’on retrouve dans la viande, comme le bouillon d’os par exemple, est l’autre substrat nourricier des cellules de l’intestin qui permet de conserver la perméabilité intestinale et le renouvellement des cellules.

Les HADZA, habitants d’une tribu de Tanzanie ou les Yanomami, Indiens d’Amazonie, ont 2 fois plus de diversité bactérienne que nous. Ils sont chasseurs-cueilleurs, c’est-à-dire qu’ils mangent des produits animaux et beaucoup de fibres surtout présentes dans les végétaux ».

« Pour la population générale, il est bien de végétaliser l’alimentation pour la richesse du microbiote. Cela étant, il faut faire attention aux dérives possibles au niveau de l’hyper végétalisation avec une surconsommation de produits ultra-transformés. Si l’on prend l’exemple du nugget, ça n’a plus rien à voir avec du poulet. Il en est de même avec les produits ultra-transformés végétaux comme les substituts de viande ou desserts lactés à base de soja ».

La mastication, essentielle pour la bonne santé de notre intestin

 « Si on ne prend pas le temps de macher, l’estomac et l’intestin ne peuvent pas faire le premier travail de découpe de l’aliment. On va donc avoir des aliments pas assez digérés dans l’intestin ce qui va le fragiliser »

Isabelle Decamps

Pourquoi dit-on que notre intestin est notre 2ème cerveau ? Approche physiologique : notre intestin vu sous l’angle neurosciences.

L’étude l’a mis en exergue, les Français n’ont pas une idée très précise de ce qu’est leur deuxième cerveau. Ils sont 40% à ne pas savoir répondre à la question « pourquoi dit-on que notre intestin est notre 2ème cerveau ? ».

Nous avons poursuivi la discussion avec Gilles Mithieux qui nous a notamment rappelé les fondamentaux.

Pour lui, ce que l’on appelle 2ème cerveau pourrait très bien s’appeler 1er cerveau ! C’est pour dire l’importance qu’il accorde à notre intestin.

« C’est le cas des organismes très primitifs, comme ce petit vers que l’on appelle senorbiditis élégance qui n’a pas de cerveau mais uniquement un intestin, quelques muscles et une centaine de neurones. Dans l’évolution donc, le 1er cerveau qui est apparu est bel est bien le système de nerfs autour de l’intestin », introduit Gilles Mithieux.

Pour ce qui concerne l’Homme, l’intestin a lui aussi un système nerveux, nommé le système nerveux entérique. Il comporte environ 1 milliard de neurones (sur 10 milliards au total), soit 10% des neurones du corps. Ces 2 cerveaux communiquent sans arrêt. 80% des neurones de l’intestin sont afférents c’est-à-dire qu’ils envoient des informations au cerveau et 20% sont efférents c’est-à-dire qu’ils reçoivent des informations du cerveau.

En comparaison, les yeux, ce sont 1 million de neuronesLes goûts et les odeurs, 50 000 neurones.

Des modes de communication perpétuels entre intestin et cerveau

Le système hormonal est très important pour l’intestin : Au fur et à mesure que les aliments vont arriver dans l’intestin, des hormones vont être sécrétées dans le sang pour communiquer au cerveau différents signaux. Par exemple, lorsque que le système digestif est vide, la ghréline, une hormone coupe-faim est secrétée.

Lorsque l’on mange, l’organisme arrête de sécréter cette hormone et la remplace par d’autres hormones comme la leptine produite par l’estomac pour arrêter la sensation de faim.

D’autres organes communiquent également avec le cerveau comme l’estomac (de manière mécanique avec les neurones) ou le pancréas.

Également, les neurones de l’intestin et certaines bactéries du microbiote vont libérer des neurotransmetteurs ou messagers chimiques fabriqués aussi dans le cerveau tels que la dopamine qui nous donne l’entrain et l’envie. De plus, 90% de notre sérotonine est sécrétée par l’intestin et nous apporte de la sérénité utile pour bien dormir en se transformant en mélatonine.

Les bactéries libèrent aussi d’autres molécules bénéfiques, par exemple les bifidobactérium, comme le bifidus qui produit du butyrate (apporté par le beurre aussi). Cet acide gras à chaîne courte nourrit et guérit les cellules du colon et arrive au cerveau pour apporter de la bonne humeur.

Ces bactéries ont faim et c’est en partie elles qui vont influencer ce que nous avons envie de manger.

« L’intestin et le cerveau sont directement connectés par le nerf vague, lui-même composé de 2 branches, sympathique et parasympathique. La première bloque la digestion et peut créer de l’inflammation pour s’adapter face à un stress, et la seconde fait tout pour que nous digérions bien. Mais aussi, on n’y pense pas forcément, il existe un autre système appelé nerf splanchnique qui communique avec la moelle épinière et lui permet de venir compléter le système du nerf vague en remontant des informations d’intérêt nutritionnel jusqu’au cerveau. Ces 2 systèmes agissent en complémentarité », détaille Gilles Mithieux.

Il a également un rôle important sur le psychisme : « En consommant des protéines et des fibres, l’intestin va se mettre à produire du glucose. Parmi ses nombreux effets sur le système métabolique, celui-ci a un effet rassérénant qui contribue au bien-être mental. Ainsi, la littérature est très claire, les régimes riches en fibres et en protéines ont des effets anti-stress et anti-anxiété, dépendant du glucose produit par l’intestin », explique Gilles Mithieux. 

Isabelle Descamps est de cet avis : « C’est vérifié sur le terrain : lorsque les patients mangent plus de fibres, plus de graisses et plus de protéines, ils vont vite mieux ».

D’une manière générale, cela a été démontré dans une étude sur l’animal, avec des conséquences en quelques semaines : il y a une association extrêmement importante entre une mauvaise alimentation et des symptômes d’anxiété et de dépression.

Comment le mental joue sur l’alimentation, avant de se mettre à table et pendant ?

« Il n’y a pas de données claires sur la relation entre l’état mental au moment du repas et ce que l’on a envie de manger. C’est très dépendant de l’individu et c’est surtout sur la quantité que cela va se jouer »

introduit Gilles Mithieux

En effet, certains individus très stressés vont manger ce qui leur tombe sous la main, avec souvent des aliments riches en énergie. Et à l’inverse, des individus stressés qui vont avoir tendance à stopper leur alimentation.

« Pendant le repas néanmoins, lorsque le stress n’est pas trop important, il va y avoir cet effet bénéfique du repas, par tous les mécanismes de communication dont on a parlé sur le plan métabolique mais aussi sur le plan mental. A l’inverse : lorsque l’on fait des excès, que l’on a trop mangé, on ne se sent pas très bien. ».

Le stress, émotion gérée par quel(s) cerveaux(x) ? Approche psychologique : notre intestin vu sous l’angle sophrologique.

On en parle de plus en plus, le stress est un mal sociétal.   

En mai 2022, 15 % des Français montrent des signes d’un état dépressif et 25 % montrent des signes d’un état anxieux (niveau très élevé depuis le premier confinement).

Pour illustrer ce phénomène, l’expansion du marché des compléments alimentaires qui adresse cette thématique. Il y a une vraie préoccupation des Français sur le sujet : la promesse Stress & Humeur étant la 2ème la plus vendue en Pharmacie, Magasins Bio et GMS selon Synadiet.

Pour en parler, Celine André, Sophrologue, nous partage ses expériences de consultations en cabinet.

Les gens ne font pas le lien entre les maux et la tête

« Effectivement les Français sont stressés. Or, ils ne font pas le lien entre l’état de stress et les manifestations de leur corps, et notamment le lien avec leur système intestinal. Alors que tout ce qui ne s’exprime pas s’imprime dans le corps. Certaines expressions parlent d’ailleurs d’elles-mêmes : « avoir la boule au ventre »  ou « ne pas digérer telle ou telle situation », introduit Céline André.

Jusqu’ici nous avons parlé du nerf vague dans le rôle de lien qu’il joue entre notre ventre, notre intestin (le 2ème cerveau) et notre « 1er » cerveau.

La sophrologie, par la pratique, agit sur le système nerveux autonome (dont fait partie le nerf vague). La respiration inconsciente mais aussi consciente va permettre d’agir sur le nerf vague et ainsi ralentir le rythme cardiaque, relâcher les tensions et améliorer la digestion. Tout le corps se met en action pour ce qui est important à un instant T.

« La respiration est un outil fabuleux et magiqueEn la régulant, on peut ainsi activer le calme intérieur et poser le corps. Je travaille énormément sur le nerf vague lorsqu’il est déséquilibré. En plus d’une alimentation vraie, je propose de pratiquer la cohérence cardiaque, le repos couché, l’auriculothérapie, et bien d’autres techniques complémentaires », conseille Céline André.

Isabelle Descamps est aussi de cet avis : « Le travail de respiration comme la cohérence cardiaque a une réelle influence sur l’alimentation et permet par exemple de baisser la glycémie post-repas ».

Le cerveau va guider le rapport à l’alimentation

« Le lien entre le cerveau et l’alimentation est évident. On parle souvent d’alimentation émotionnelle : « on mange nos émotions ». C’est en rapport avec ce que l’on vit, comme une colère qui va s’imprégner dans le corps et que l’on va compenser avec une alimentation refuge. Il y a aussi l’impact des traumatismes. Et tout le système des croyances, nous entendons souvent « s’ils ne se resservent pas c’est que ce n’est pas bon, ou qu’ils ne sont pas bons vivants ».

Moralité, nous vivons dans une société où le repas est un pilier de la culture : ne pas se resservir peut être perçu comme un manque de politesse qui vient biaiser le rapport à l’alimentation et l’écoute du fonctionnement interne de son corps. », décrit Céline André.

Une reconnexion à soi et aux sensations

L’étude l’a souligné, 71 % des Français mangent en faisant une autre activité.

Dans ce contexte, la sophrologie va permettre de revenir dans une conscience de son corps. C’est-à-dire à une reconnexion aux sensations du métabolisme (comme la faim, la satiété) et aussi à une reconnexion à ses différents besoins : ai-je vraiment faim, suis-je plutôt fatigué(e), etc.  

Les trois experts s’accordent sur le rôle primordial de la pleine conscience. Il est essentiel d’être en conscience de ce que l’on fait, d’être à l’écoute de ses vrais besoins et sensations, notamment lorsque l’on parle d’alimentation.

En effet, selon Céline André : « Manger en conscience permet de retrouver des sensations (on image le trajet de l’aliment, dans son corps, sa texture, les bienfaits qu’il procure…). C’est donc primordial pour nos 2 cerveaux car cela peut entraîner des conséquences positives très fortes sur notre santé et sur notre bien-être. 

Pour se sentir mieux, je conseille aussi de se projeter vers du positif car « nous créons ce que l’on pense ». Et donc, de revenir à une alimentation plus intuitive ».  


Selon Isabelle Descamps, « si l’on regarde la DME, la Diversification Menée par l’Enfant, on observe que jusqu’à l’âge de 7 ans, si on pose plein d’aliments sur la table, l’enfant va être à l’écoute de ses besoins. A ce moment-là, la tête et le corps ne sont pas coupés. ».

Alors que Gilles Mithieux complète « nous avons tous un microbiote différent et nous n’avons pas besoin de tous manger la même chose. Il est donc primordial de s’écouter et de revenir au plaisir de manger. Les personnes qui grignotent, notamment à cause du stress, ne ressentent plus la faim. Elles se privent donc du plaisir que l’on a au début du repas. De plus, faire quelque chose en même temps que manger altère ce plaisir puisque le cerveau n’est pas capable de faire correctement 2 choses en même temps : il donne donc la priorité à l’une des deux choses ».  

Découvrez l’intégralité du compte-rendu de la 6e édition des tables rondes MeatLab Charal.

6ème édition Meatlab Charal : Alimentation, L'intestin, notre deuxième cerveau

6ème édition Meatlab Charal : Alimentation : L'intestin, notre deuxième cerveau

Alimentation : L'intestin, notre deuxième cerveau

6ème édition Meatlab Charal :