Quelles sont les particularitĂ©s nutritionnelles de lâalimentation des sportives ? Femmes et hommes ont-ils les mĂȘmes besoins caloriques quand ils pratiquent du sport en loisir ou Ă haut niveau ? Les femmes doivent-elles adapter leur alimentation en fonction de leur Ăąge ?
Dans ce nouvel Ă©pisode de MeatLab, Christophe Duhamel, cofondateur de Marmiton, reçoit Laura Martinez, diĂ©tĂ©ticienne du sport et ancienne footballeuse de haut niveau, pour Ă©voquer lâimpact de lâalimentation chez les sportives.
Différences physiologiques et impacts sur le sport
Particularités du corps féminin
Parce que les corps des hommes et des femmes sont différents, leurs différences physiologiques ont des répercussions sur leur pratique sportive. Avec prÚs 10 % de masse graisseuse supplémentaire par rapport aux hommes, les femmes ont moins de masse musculaire, un facteur à prendre en compte à performance égale. Elles affichent également des réserves en fer plus pauvres, un débit cardiaque moins important et des capacités de transport d'oxygÚne inférieures à celles des hommes.
L'importance de l'alimentation
Et si lâalimentation Ă©tait la clĂ© pour gommer ces diffĂ©rences et amĂ©liorer les performances ? Physique dâathlĂšte ou non, tous les sportifs, hommes et femmes confondus, ont conscience de lâimportance dâune alimentation Ă©quilibrĂ©e dans le cadre de leur activitĂ© sportive.
OĂč vont-ils chercher les informations pour adapter leur alimentation et bĂ©nĂ©ficier de conseils adaptĂ©s ? ConsacrĂ©e à « l'Alimentation et le sport », lâĂ©tude OpinionWay rĂ©alisĂ©e en avril 2024 pour Charal rĂ©vĂšle que la majoritĂ© des sportifs dĂ©clare ĂȘtre suffisamment informĂ©e sur les aliments Ă privilĂ©gier lors de la pratique sportive.
Parmi les sportifs sondés, 42 % déclarent se renseigner réguliÚrement en ligne pour obtenir des conseils sur la nutrition et l'exercice (Hommes : 40 % / Femmes : 45 %). Des chiffres qui mettent en lumiÚre la curiosité de quasiment une femme sur deux pour obtenir des informations sur les régimes alimentaires à adopter dans le cadre de leur activité.
Des articles qui ont cependant leurs limites selon Laura Martinez âLes conseils ne sont pas personnalisĂ©s, c'est trĂšs gĂ©nĂ©ralisĂ©, et je considĂšre quâen matiĂšre de santĂ© et de l'alimentation, chaque cas est uniqueâ.
Alimentation féminine et pratique sportive
Avant l'effort
Afin de rĂ©pondre aux besoins individuels de chaque sportif, notamment pendant les phases dâentraĂźnement, de compĂ©tition ou encore de rĂ©cupĂ©ration, il convient dâadopter un rĂ©gime alimentaire spĂ©cifique. Si chaque sportif a sa routine avant lâeffort, il vaut mieux favoriser le confort digestif et lâoptimisation des rĂ©serves Ă©nergĂ©tiques en Ă©vitant les cĂ©rĂ©ales complĂštes, les lĂ©gumes, les fruits... et opter pour une petite portion de lĂ©gumes cuits, du riz ou des pĂątes, une viande (la plus maigre possible) et Ă©videmment de l'eau.
Récupération post-effort
La phase de récupération repose sur quatre grands piliers :
- La réhydratation,
- La réparation des microlésions musculaires grùce aux protéines d'origine animale ou végétale,
- La rĂ©plĂ©tion glycogĂ©nique qui consiste Ă refaire son stock en Ă©nergie Ă lâaide de fĂ©culents,
- Un retour à l'équilibre acido-basique avec des assiettes colorées composées de fruits et de légumes de saison.
AlliĂ©e des sportifs, la viande rouge assure les apports en protĂ©ines et en fer. « Si on prend lâexemple d'une femme de 60 kilos qui pratique l'athlĂ©tisme ou la course Ă pied, une portion de viande classique de 100 g Ă 120 g couvrira entre 25 et 30% de ses besoins en protĂ©ines, ce qui considĂ©rable. MĂȘme chose pour le fer, puisque câest le fer d'origine animale qu'on assimile mieux que le fer d'origine vĂ©gĂ©tale » dĂ©taille Laura Martinez.
Une alimentation Ă adapter en fonction des moments de vie ?
Adolescence et sport de haut niveau
La pratique intense du sport de haut niveau chez les jeunes nâest pas sans consĂ©quences sur le dĂ©veloppement et la santĂ© des adolescents, notamment chez les jeunes filles.
Pratiqués avant la puberté, les sports qui exigent de nombreuses heures d'entraßnement par semaine peuvent :
- Fragiliser la structure squelettique,
- Provoquer des retards de croissance ou de puberté,
- Provoquer des fractures de fatigue.
Les troubles du comportement alimentaire touchent Ă©galement de plus en plus les jeunes athlĂštes. « DĂšs le plus jeune Ăąge, les jeunes filles ont une exigence extrĂȘme envers elles-mĂȘmes et une perception de leur corps assez sĂ©vĂšre, ce qui impacte leur alimentation et crĂ©e des dĂ©sordres Ă©normes. Cela nĂ©cessite une attention particuliĂšre des Ă©quipes mĂ©dicales, des coachs et des parents » alarme la diĂ©tĂ©ticienne.
Cycles hormonaux et performances
Cycles menstruels, grossesses, mĂ©nopause... ces bouleversements hormonaux sont souvent responsables de carences en fer ou dâinconfort digestif qui peuvent impacter les performances sportives des femmes. « Adopter une alimentation anti-inflammatoire peut par exemple aider Ă diminuer les douleurs des rĂšgles » suggĂšre la diĂ©tĂ©ticienne.
Laura Martinez recommande également de privilégier « Les oméga-3 avec des poissons gras, des graines oléagineuses, des huiles de lin, de noix ou de colza, hydratez-vous et consommez des végétaux de saison. C'est la base d'une alimentation anti-inflammatoire ».
MĂ©nopause et sport
La ménopause, qui favorise les risques d'ostéoporose chez les femmes, entraßne des risques de fracture plus importants. Raison de plus pour les sportives de porter une attention particuliÚre à leurs apports en calcium et en vitamine D.
âIl vaut mieux privilĂ©gier une alimentation riche en poissons gras et en laitages, et prĂ©fĂ©rer le sport en extĂ©rieur pour profiter du soleil, principale source naturelle de vitamine D.â conclut Laura Martinez.